Branche maternelle,  Témoignage

Retrouver un ancêtre… dans sa propre rue !

J’en conviens, pour certains cette phrase n’aura rien d’exceptionnel. Je le sais, certaines familles habitent le même village, et peut être la même maison depuis plusieurs générations. Mais, c’est loin d’être mon cas. Je vais te raconter comment j’ai retrouvé la trace de cet ancêtre qui a habité dans ma rue et t’aider à comprendre à quel point cela me paraissait improbable.

Née en Seine Saint Denis, je suis rapidement arrivée dans l’Oise où j’ai vécu jusqu’à mon entrée à la fac. Puis, suite à une mutation professionnelle de mon père, me voilà arrivée dans le Nord. Cette région est la région de toute ma famille paternelle, même si eux c’est le Pas de Calais. Donc, me voici arrivée dans la ville de DOUAI. Pour vous présenter cette ville rapidement et t’ aider à comprendre en quoi ma découverte me semblait impossible :

DOUAI est :

  • Une des sous préfecture du Nord
  • S’étend sur quasiment 17km2
  • La population avoisine les 42 800 habitants à la date de mon arrivée

On ne parle donc pas d’une petite ville.

Au bout de quelques années, je prends mon indépendance et m’installe dans un appartement en location situé dans la Rue de la Mairie, en plein centre de la ville, à quelques mètres du Beffroi de DOUAI (inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2005).

Rue de la Mairie et Beffroi de DOUAI - 2025

Dans ce logement, je vais y rester pendant 1 an avant de déménager mais je n’ai quasiment pas quitté cette agglomération depuis.

Ce qui est marrant, c’est que c’est dans ce studio que j’ai commencé sérieusement la généalogie. 20 ans plus tard …

Au commencement de mes recherches, j’ai choisi de me consacrer uniquement à la branche paternelle, notamment pour pouvoir retracer l’histoire de mon nom.

Au fur et à mesure que j’avance, les complications se présentent. Il devient difficile de remonter les branches mais, pour la plus grande partie de mes recherches, je suis dans le Loiret.

Je me penche alors sur la généalogie de ma branche maternelle. Les deux premières générations sont simples à remonter et pour le coup, là je suis surtout en Ile de France. Mais, rapidement, je croise un aïeul né à DOUAI en 1873 (Sosa 30). J’avoue que c’est différent quand le lieu est un lieu que tu connais. L’émotion n’est pas la même. Je ne m’attarde pas plus que ça sur cette information. En effet, cet ancêtre, Emile Léon DELMOTTE se marie à 23 ans dans le 91 (Vert le Petit) et reste en Ile de France. DOUAI n’est donc, à ce moment là, qu’une anecdote, une coïncidence marrante.

En revenant sur cet acte de naissance, quelques mois plus tard, je peux y lire qu’ Emile Léon DELMOTTE est né Rue de la Mairie à DOUAI. Ça change tout !

Acte de naissance d'Emile Léon Delmotte - Sosa 30

Face à cette trouvaille, je suis amusée, surprise, ravie … Si toi aussi tu fais de la généalogie, tu sais que parfois on peut se décourager, voire même se lasser. Mais une découverte comme celle ci, cela te remotive, c’est le moins que l’on puisse dire. Et puis, tout d’un coup, tout devient plus concret.

Aller physiquement sur la trace de mes ancêtres c’est quelque chose que j’ai envie de faire et je le ferai mais quand ? et où exactement? A vrai dire, je l’ai déjà fait mais j’avoue ne pas en avoir de souvenir.

Mais là, me dire que cette rue dans laquelle je peux aller quand je veux, mon ancêtre y a habité quasiment 150 ans avant moi… c’est fou !

Je poursuis donc mes recherches sur mon nouveau voisin et cette branche de mon arbre. Je veux savoir si ce n’est qu’un passage à Douai ou plus. C’est comme ca que je découvre que sa mère, Emilie BEAUVOIS est, elle aussi , née à Douai en 1842. Elle s’y marie avec Vincent Léon DELMOTTE (né à Lille) en 1866. Et finalement, pour l’instant, j’ai remonté 3 générations de Douaisiens. Je suis arrivée à la naissance de François Chrisostome Joseph BEAUVOIS qui est né le 01 septembre 1777 à Douai.

Suite à cette information, je cherche à en savoir plus. En utilisant les informations disponibles dans les actes de naissance des frères et sœurs d’Émile, j’apprends alors que ses parents ont habité au 82 Rue de la Mairie au moins entre 1869 et 1873. A la naissance de leur 4eme enfant, en 1876,ils habitent alors au 19 Rue de la Cloche à DOUAI, soit 400 m plus loin. Ils finiront par quitter DOUAI pour HENIN LIETARD ( Devenu HENIN BEAUMONT, 62). Je les retrouve Rue de Douai a HENIN LIETARD en 1891. Ils y habitent avec leur fils Emile (mon Sosa 30), un domestique Belge et 4 pensionnaires qui exercent le métier de mineur. 5 ans plus tard, ils habitent toujours dans la même rue mais il ne reste que leur fils Emile,agé de 23 ans, et leur petit fils Emile, agé de 2 ans. Ils ont alors respectivement 59 et 54 ans.

Pour rendre le plus concret possible ma découverte, j’ai commencé à m’intéresser un peu plus à ce qui passé à Douai sur cette période.

Dans ma rue

Déjà, en 1837, année de naissance d’Emile, Victor Hugo est passé à Douai et voici ce qu’il en a écrit :

« Il y a là le plus joli beffroi que j’aie encore vu. Figure-toi une tour gothique coiffée d’un toit d’ardoise, qui se compose d’une multitude de petites fenêtres coniques superposées ; sur chaque fenêtre une girouette, aux quatre coins, une tourelle ; sur la pointe du beffroi, un lion qui tourne avec un drapeau entre les pattes ; et de tout cet ensemble si amusant, si fou, si vivant, il sort un carillon. Dans chaque petite lucarne, on voit se démener une petite cloche qui fait rage comme une langue dans une gueule. J’ai dessiné cette tour, et quand je regarde mon dessin, il me semble encore entendre ce joyeux carillon qui s’en échappait comme la vapeur naturelle de cet amas de clochetons. » ( En voyage, Tome 2).

A noter que c’est aussi à cette époque que d’importants travaux de restauration sont entrepris au Beffroi. On y ajoute notamment un nouveau bâtiment qui doit être identique à celui du 15eme siécle. C’est ce qui lui donne la symétrie qu’on lui connait aujourd’hui.

Beffroi de DOUAI ( Dans ma rue) - Gravue de la fin du 19éme siécle
Beffroi de Douai – Gravure Fin XIXeme siécle. Source : Mémoire de DOUAI

Dans Douai

A cette période, Douai est une ville industrielle, en pleine transformation. La rue de la Mairie, située au cœur historique, est un axe vivant proche de l’Hôtel de Ville et du beffroi. On y croise commerçants, artisans et familles bourgeoises. C’est en 1837 que l’éclairage public au gaz est adopté à Douai.

L’arrivée du chemin de fer avec la mise en service de la ligne Paris-Lille en 1846 va contribuer au développement économique. Parallèlement, c’est aussi la période ou l’industrie minière est en pleine expansion ( ouverture de la fosse de Douai en 1854 et celle de Dorignies en 1858).

Gare de DOUAI - Carte postale en noir et blanc
Gare de DOUAI – Source : Mémoire de DOUAI

Sur un plan plus citadin, on peut évoquer la Fondation de l’école des Mines de Douai en 1878. En 1890, le déclassement des remparts en 18809 va permettre à la ville de s’étendre.

Mes recherches n’en étant qu’au début, l’histoire locale au 19eme siècle sera peut être l’objet d’un prochain article.

On peut tout de même affirmer qu’entre 1837 et 1890, Emile Léon Delmotte a certainement pu profiter, chaque été, de la procession de la famille Gayant. Ce défilé existe toujours de nos jours.

Et toi, as tu déjà eu l’occasion de faire un voyage généalogique pour découvrir où a vécu l’un de tes ascendant ?

Laisser un commentaire